S’il me fallait retenir une œuvre représentative de Roland Gaudillière, la toile ultime à conserver, celle qu’on emporterait sur une ile déserte….Ce serait celle ci. Elle est PARFAITE. Sur le plan graphique…Mais venant d’un artiste de ce tonneau çà n’étonnera personne et chargée de symboles élevant la femme au pinacle. Au rang d’une héroïne face à l’homme tout puissant de l’an mille.
De quoi parle-t-on dans cette toile ? D’une légende qui court encore les rues de Coventry, celle d’une princesse Lady Godiva, épouse du seigneur de Coventry, dans l’Angleterre de l’an 1000, qui aurait selon la légende, traversé la place du marché, nue sur un cheval. Spectaculaire parade résultant d’un défi lancé par son mari : il allège l’imposition de la ville à condition qu’elle accepte de chevaucher dans le plus simple appareil. Or, elle relève le gant… Totalement nue elle remplit son contrat et par respect tous les habitants de la ville ferment leurs volets et restent cloitrés chez eux….Sauf le savetier local…qui en perdra la vue.
La représentation de cette histoire, au fil du temps, n’a pas manqué. En 1586 Adam Van Noort usant des canons de la beauté de l’époque nous la présente très ronde, un brin gironde. Marshall Claxton en 1850 la voile. Le tableau est déposé au Musée de Coventry….ce n, est pas le meilleur. Pas plus que celui de Van Lérius, vingt ans plus tard qui nous la montre aussi pudique. John Collier en 1897 est sans doute celui qui approche la légende au plus près, quoique la monte soit inexacte. Question de pudeur. John Collier propose une vision réaliste de la situation. L’ardente nudité bien qu’édulcorée- les voluptueux contours sont habilement occultés – n’en montre pas moins une peau au bord du frisson tant la carnation paraît réelle. Couleur et lumière s’imbriquent harmonieusement afin de rendre la texture, le velouté, la finesse de grain d’une peau soignée, polie, parfumée sans doute. Lady Godiva apparaît si humble, si seule, si nue… si morale aussi !
Roland Gaudillière nous la joue bien différemment. Au premier abord on cherche Lady Godiva dans le tableau. Le héros, ici, c’est le cheval ! Un comtois tellement lourd, tellement musculeux, tellement massif que c’en est presque indécent. On notera qu’il repose sur deux pattes…symbole majestueux. Ce cheval inquiète. Les yeux vides il nous regarde « méchamment », voire de façon arrogante. Porteur de tous les fantasmes, le cheval est le miroir de la nature profonde de l’homme, particulièrement de son agressivité sexuelle. L’artiste nous dépeint, là, l’époux de Lady Godiva dans toute sa splendeur. Celle de la prédominance masculine qui prévalait en l’an mille.
Quant à elle, assise en amazone, nous tournant le dos par pudeur elle fait face à un mur aveugle. Elle est nue, minuscule, héroïque dans le sacrifice. Très féminine avec sa natte nouée symbole d’une grande force intérieure que le peintre oppose à celle plus envahissante du cheval. On perçoit tout de suite l’idée qui prévaut….Mais c’est sa natte qu’on voit en premier.
Globalement elle représente le symbole d’une victoire sur le pouvoir et la puissance corrompue des mâles. Plus que le cheval qui remplit le tableau de toute sa force, c’est cette petite chose minuscule qui fait loi.
Ce tableau est une magnifique allégorie du rapport hommes-femmes et Roland Gaudillière en peignant cette œuvre y a mis tout son talent, tout son savoir dans le symbolisme….et on n’a pas fini de faire le tour de cette toile. Il y a beaucoup à découvrir, notamment pour tout ce qui touche à la composition axiale du tableau qui révèle un vrai savoir-faire…Celui qu’on n’acquiert qu’au fil de milliers d’heures de travail au chevalet. Et dans les livres aussi.
S’il me fallait retenir une œuvre représentative de Roland Gaudillière, la toile ultime à conserver, celle qu’on emporterait sur une ile déserte….Ce serait celle ci. Elle est PARFAITE. Sur le plan graphique…Mais venant d’un artiste de ce tonneau çà n’étonnera personne et chargée de symboles élevant la femme au pinacle. Au rang d’une héroïne face à l’homme tout puissant de l’an mille.
De quoi parle-t-on dans cette toile ? D’une légende qui court encore les rues de Coventry, celle d’une princesse Lady Godiva, épouse du seigneur de Coventry, dans l’Angleterre de l’an 1000, qui aurait selon la légende, traversé la place du marché, nue sur un cheval. Spectaculaire parade résultant d’un défi lancé par son mari : il allège l’imposition de la ville à condition qu’elle accepte de chevaucher dans le plus simple appareil. Or, elle relève le gant… Totalement nue elle remplit son contrat et par respect tous les habitants de la ville ferment leurs volets et restent cloitrés chez eux….Sauf le savetier local…qui en perdra la vue.
La représentation de cette histoire, au fil du temps, n’a pas manqué. En 1586 Adam Van Noort usant des canons de la beauté de l’époque nous la présente très ronde, un brin gironde. Marshall Claxton en 1850 la voile. Le tableau est déposé au Musée de Coventry….ce n, est pas le meilleur. Pas plus que celui de Van Lérius, vingt ans plus tard qui nous la montre aussi pudique. John Collier en 1897 est sans doute celui qui approche la légende au plus près, quoique la monte soit inexacte. Question de pudeur. John Collier propose une vision réaliste de la situation. L’ardente nudité bien qu’édulcorée- les voluptueux contours sont habilement occultés – n’en montre pas moins une peau au bord du frisson tant la carnation paraît réelle. Couleur et lumière s’imbriquent harmonieusement afin de rendre la texture, le velouté, la finesse de grain d’une peau soignée, polie, parfumée sans doute. Lady Godiva apparaît si humble, si seule, si nue… si morale aussi !
Roland Gaudillière nous la joue bien différemment. Au premier abord on cherche Lady Godiva dans le tableau. Le héros, ici, c’est le cheval ! Un comtois tellement lourd, tellement musculeux, tellement massif que c’en est presque indécent. On notera qu’il repose sur deux pattes…symbole majestueux. Ce cheval inquiète. Les yeux vides il nous regarde « méchamment », voire de façon arrogante. Porteur de tous les fantasmes, le cheval est le miroir de la nature profonde de l’homme, particulièrement de son agressivité sexuelle. L’artiste nous dépeint, là, l’époux de Lady Godiva dans toute sa splendeur. Celle de la prédominance masculine qui prévalait en l’an mille.
Quant à elle, assise en amazone, nous tournant le dos par pudeur elle fait face à un mur aveugle. Elle est nue, minuscule, héroïque dans le sacrifice. Très féminine avec sa natte nouée symbole d’une grande force intérieure que le peintre oppose à celle plus envahissante du cheval. On perçoit tout de suite l’idée qui prévaut….Mais c’est sa natte qu’on voit en premier.
Globalement elle représente le symbole d’une victoire sur le pouvoir et la puissance corrompue des mâles. Plus que le cheval qui remplit le tableau de toute sa force, c’est cette petite chose minuscule qui fait loi.
Ce tableau est une magnifique allégorie du rapport hommes-femmes et Roland Gaudillière en peignant cette œuvre y a mis tout son talent, tout son savoir dans le symbolisme….et on n’a pas fini de faire le tour de cette toile. Il y a beaucoup à découvrir, notamment pour tout ce qui touche à la composition axiale du tableau qui révèle un vrai savoir-faire…Celui qu’on n’acquiert qu’au fil de milliers d’heures de travail au chevalet. Et dans les livres aussi.